Si Mohand Ou M'Hand
Biographie
Si Mohand Ou M'Hand Ath Hammadouche est né vers 1845 et est mort en 1906 (d'après Boulifa). Si la date de sa mort semble établie, celle de sa naissance est approximative. En effet, l'Etat Civil en Kabylie n'a pas eu d'existence officielle avant 1891. Il naquit donc dans l'ancien village de Chéraïouia où son père Mehand Améziane Ou Hammadouche, originaire de Aguemoun, s'était réfugié pour échapper à une vendetta. Après 1857, le village de Chéraïouia fut rasé et à son emplacement fut édifiée la citadelle de Fort-National (Larbaâ Nath Irathen). L'autorité militaire attribua aux habitants un terrain à 10 Km au nord, près de Tizi-Rached, qui appartenait à une zaouïa.
En fait, la population s'est répartie, pour une faible part sur ce terrain où naquit la nouvelle Chéraïouia, mais pour la plupart aux alentours de Fort-National.
Les parents de Si Mohand s'installèrent à Akbou, au lieu-dit Sidi-Khelifa. Son oncle paternel, Cheikh Arezki Ou Hammadouche, maître en droit musulman y avait ouvert une zaouïa où un taleb enseignait le Coran, non seulement aux enfants de la famille mais aussi à tous ceux du village. C'est là que Si Mohand commença ses études avant de rejoindre l'importante zaouïa de Sidi Abderrahmane Illoulen (Michelet). La famille était aisée et l'enfance de Si Mohand heureuse.
En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Le père, Mehand Améziane fut exécuté à Fort-National, l'oncle Arezki déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués au profit de l'Etat. La famille ruinée et anéantie se dispersa, la mère se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane et là commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de ville en ville. Son frère aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille.
Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de Bône (Annaba) où de nombreux Kabyles travaillaient comme ouvriers agricoles ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd , était d'ailleurs installé dans les faubourgs de Bône.
Si Mohand mourrut en 1906 à l'hôpital des Soeurs Blanches de Michelet et fut enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.
Liberté 4 avril 2006
Quelle place pour Si Mohand u M’hand dans le programme scolaire ?
“Si Mohand u M’hand, un poète, une œuvre, une société” est le thème d’un colloque qui s’est ouvert, avant-hier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Organisée par l’association qui porte le nom du poète, la rencontre a vu la participation d’une brochette d’écrivains et d’enseignants universitaires.
Dans une allocution d’ouverture, Ould Ali L’hadi, directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, a mis en exergue l’importance que revêt ce genre de manifestations pour faire connaître tous ceux qui ont marqué de leur empreinte la culture algérienne. “Cette rencontre se veut une occasion d’hommage, de débat et de bilan. D’hommage parce que l’homme célèbre est et demeure une icône de notre histoire récente. Sa poésie aide à fixer quelques repères historiques et contribue à rétablir bien des vérités.
De débat, qui sera animé par des communicants de renom entre universitaires, hommes de culture et militants. Chacun y apportera un éclairage sur une période très mouvementée de notre passé, sur un homme à l’héritage si consistant et sur une société qui continue à s’y identifier, aussi bien au passé qu’à l’homme en tant qu’acteur. De bilan, qu’il faudra dresser sans complaisance car le poète est au centre de plusieurs débats allant de la poésie à l’histoire en passant par la littérature, la sociologie et l’anthropologie.”
Des questionnements persistent et nos honorables conférenciers tenteront d’apporter les réponses. M. Ould Ali rappellera que cet événement s’insère dans un programme global étalé sur une année et qui commémore le centenaire du barde. “Plusieurs manifestations ont déjà eu lieu et ce colloque vient clôturer cette occasion particulière. Car le témoin d’une époque que fut Si Mohand u M’hand mérite de retrouver la place qui lui revient dans l’histoire de notre pays. Son œuvre gagnera à être vulgarisée et enseignée dans tous les paliers de l’enseignement. Aussi, nous participons activement, aux côtés d’acteurs, de militants et d’hommes de culture, à l’initiative visant à classer l’œuvre de Si Mohand u M’hand et de cheikh Mohand Oulhocine au niveau de l’Unesco, comme patrimoine universel.”
naugurant le cycle de conférences, Bali Madjid, enseignant, a souligné : “Si Mohand u M’hand est et demeure le plus connu et reconnu de nos poètes. Un siècle après sa mort, son œuvre autant que son mythe se perpétuent.” Pour sa part Youcef Merahi, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), a indiqué que l’œuvre du barde n’est pas épuisée à ce jour avant de s’interroger : “Quelle place pour ses poèmes dans le cursus scolaire ?” Lui succédant, Saïd Chemakh, enseignant à l’université de Tizi Ouzou, a consacré son exposé à “Thamurth dans la poésie de Si Mohand”. La journée d’hier a été marquée par l’animation de quatre communications. Ghobrini Mohamed, ancien journaliste, actuellement conseiller à la communication au bureau des Nations unies à Alger, a parlé de son dernier livre Dialogue de géants, un montage poétique imaginaire entre Si Mohand u M’hand et cheikh Mohand Oulhocine. Rachid Mokhtari a revisité les isefras de Si Mohand dans le répertoire de la chanson kabyle de l’exil. De leur côté, Abdennour Abdesselam, linguiste, et Madjid Rabia, poète, ont développé respectivement deux thèmes, à savoir “L’étude comparative Si Muhand u M’hand-Baudelaire” et “Si Muhand u M’hand et cheikh Mohand Oulhocine”. En marge de ces conférences, une vente-dédicace de livres et de recueils de poésies a eu lieu dans le hall de la Maison de la culture. La projection du film Si Muh, l’insoumis et son making-off était également au programme.
A. TAHRAOUI
Le Jeune Indépendant 4 avril 2006
La poésie de l’errance
A Si Muhend anwi-k id yerran, a twalid zman, ma k-ghiden widen yettrun. L’hommage d’un géant de la chanson kabyle à un célèbre poète ayant la même langue d’expression était le vœu du regretté Slimane Azem, qui avait compris que Si Muhend U M’hend avait encore un rôle à jouer et qu’il avait encore beaucoup à dire si la mort ne l’avait emporté.
En cette année 2006, le centenaire de la disparition du poète de l’errance a été célébré dans différentes régions du pays. C’est ainsi qu’un colloque ayant pour thème «Un poète, une œuvre, une société» a été organisé à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, dimanche et lundi derniers.
L’association Si Muhend U M’hend, qui travaille à ce point depuis près d’une année, a finalement réussi à le réaliser. Tous les participants se sont accordés à dire que l’immense héritage du poète ne pouvait être résumé en deux jours de débats et d’échanges.
Si Muhend a découvert sa passion et laissé exprimer son génie après les incursions coloniales de 1857 qui avaient totalement déchiré sa famille, celle des Aït Hamadouche. Son village natal, Icharïouene, dans le aârch de Tizi Rached, a été complètement rasé par les occupants et son père exécuté.
Sa mère s’était alors réfugiée dans un autre village avec son frère cadet, tandis que son grand frère quittait le pays en famille pour s’installer en Tunisie. A l’âge de douze ans, Muhend se retrouvait seul, dans un monde dominé par la loi du plus fort et où l’Algérie subissait les affres de la colonisation française.
Livré à lui-même et n’ayant personne à ses côtés, Si Muhend commence son voyage d’errant. Il lance ses sentences un peu partout et récite des poèmes en chaque circonstance. Il ne répétait jamais ce qu’il avait déjà exprimé. C’est pour cette raison qu’il avait eu des problèmes avec chikh Muhend U L’hocine qui lui avait demandé un poème déjà récité à l’occasion de leur première rencontre.
Comme le poète s’était refusé à accéder à cette demande, chikh Muhend s’était mis en colère et lui avait «jeté un sort» : celui de mourir errant et d’être enterré à Aseqif N t’mana, un cimetière réservé aux étrangers, dans la région d’Icharïouène.
Durant toute son «errance» sans répit, Si Muhend a traversé plusieurs villes d’Algérie, de Tunisie, avant qu’une maladie suivie d’une hospitalisation à l’hôpital des sœurs blanches d’Aïn El-Hammam ne l’emportât. Il a rendu l’âme le 28 décembre 1905.
L’errant sans abri et sans destination laisse une poésie qui témoigne d’une époque, d’une histoire, mais aussi d’un peuple. Si Muhend avait crié sa misère, les souffrances de son peuple, son destin malheureux, son aventure. Ses malheurs ne l’ont pas empêché d’écrire des poésies sur l’amour, la femme et l’espoir.
Les conférenciers ayant participé au colloque ont basé leurs interventions sur les éléments de la personnalité de Si Muhend u M’hend, sur son art, miroir de son peuple, et sur la langue qu’il utilisait, sans crainte ni peur. Huit communications sur l’œuvre du poète ont été données par des chercheurs et des hommes de lettres.
Ainsi, Bali Madjid avec «Si Muhend, l’intemporel», Youcef Merahi avec «Laissez Si Muhend à son mythe», Saïd Chemmakh à travers le thème «Tamurt dans la poésie de Si Muhend et Muhend», Akli Salhi avec «Si Muhend et la poésie kabyle d’aujourd’hui…» A noter également la communication de Ghobrini Mohammed ayant pour thème «Si Muh u M’hend/ Chikh Muhend : dialogue des géants» et celle de Rachid Mokhtari «Les isfras de Si Muhend dans le répertoire de la chanson kabyle de l’exil».
Le colloque a été agrémenté de ventes dédicaces de certains ouvrages, comme ceux de Rachid Mokhtari, de Youcef Merahi, de Mohammed Ghobrini ou de Boualem Rabia. Des montages poétiques ainsi que la projection du film Si Muhend U M’hend, l’insoumis ont également été du programme.
Les travaux du colloque ont été clôturés dans l’après-midi d’hier, après d’ultimes débats.
T. Drifa
Liberté 2 avril 2006
Si Mohand u M’hend, un poète, une œuvre, une société
La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou abritera, aujourd’hui et demain, un colloque consacré à la vie et à l’œuvre du poète Si Mohand u M’hend. Le programme de cette manifestation à laquelle devraient prendre part des écrivains et enseignants universitaires prévoit huit communications.
Une projection du film Si Mohand u M’hend l’insoumis, une exposition permanente et une vente-dédicace de livres et recueils de poésie en présence de MM. Rachid Mokhtari, Youcef Merahi, Mohamed Gobrini, Abdennour Abdesselam et Boualem Rabia seront également au menu.
Né au courant de l’année 1845, à Icheraïouène, l’un des villages composant l’agglomération de Tizi Rached, Si Mohand u M’hend a connu l’exil dès sa tendre enfance.
En 1857, le général Randon, chargé de réduire le Djurdjura à sa juste expression, fait exproprier les habitants et raser le village du poète afin de bâtir sur son emplacement Fort Napoléon, qui deviendra plus tard Fort National, aujourd’hui Larbaâ Nath Irathen. Après l’insurrection kabyle de 1871, à laquelle les Ath Hamadouche prennent part activement, ses parents, qui étaient représentants de la Rahmania pour les Ath Irathen, sont, à l’instar de tous les autres insurgés, durement réprimés. Cheikh Arezki, son oncle, est déporté en Nouvelle Calédonie, Saïd, le frère de Arezki, s’enfuit en Tunisie, le père de Mohand, Ameziane, est exécuté à Fort National. Le futur poète a failli y passer lui aussi. Il ne doit la vie sauve qu’à l’intervention d’un officier de l’armée française qui avait jugé sa mort “inutile”. Tous les biens des Ath Hamadouche seront séquestrés. Ils se sont alors dispersés en se réfugiant dans d’autres hameaux limitrophes.
La mère du poète, Fatima n’Ath Saïd, se retire à Icheraïouène, avec Meziane, le plus jeune de ses enfants. Akli, son frère aîné, se rend en Tunisie avec l’essentiel de ce qui restait de la fortune paternelle qu’il emporta avec lui. Resté seul, Si Mohand va désormais commencer une vie d’errance. De Kabylie à Tunis via Alger, la misère de ses concitoyens kabyles exilés a réveillé en son âme l’inspiration de rimer des vers. Le barde ne chantait pas l’exploit des héros mythiques mais le mal-être des Algériens des débuts des “bienfaits” de la colonisation et la nostalgie d’une époque perdue à tout jamais. Sa poésie spontanée, limpide et puissante a enchanté des générations entières.
Certains de ses vers ont été “érigés” en proverbes tellement ils étaient, et sont encore, significatifs. Si Mohand u M’hend est le poète kabyle de la tradition orale le plus célèbre et le plus documenté. Atteint d’un mal incurable et empirant de jour en jour (un abcès au nombril, selon Dermenghem, une gangrène au pied, dit le poète), Si Mohand rendra l’âme le 28 décembre 1905. Il est enterré à Asqif n’Tmana, près de Aïn El Hammam, selon la parole prophétique du cheikh. De nombreux ouvrages ont été consacrés à sa vie et à son œuvre, lui qui a souffert de la méchanceté et de l’incompréhension des hommes.
Comme l’écrivait Mouloud Feraoun dans Les poèmes de Si Mohand, le poète découvre avec effroi qu’il n’est lui-même qu’une illusion et qu’il n’y a de vrai que le Créateur.
À ce sujet, Si Mohand u M’hend disait : “Ô Dieu, aie pitié de moi/Je suis celui à qui tu as ôté la vie/Et qui n’attend plus rien de ce monde…/Mon Dieu, tu es le roc éternel/Et moi l’invisible poussière/Que le vent en a arrachée…”
A. TAHRAOUI
L'Expression 1er avril 2006
Si Muhend U’Mhend revient cette semaine
Le poète est entré dans la légende de son vivant avec, gravée dans la mémoire, sa rencontre avec Ccix Muhend U Lhocine.
Si Muhend U’Mhend, ce barde de la Kabylie dont le nom est passé à la postérité, revient cette semaine avec le colloque organisé sous l’égide du ministère de la Culture, en collaboration avec la Maison de la culture Mouloud-Mammeri et l’association culturelle Si Muhend U Mhend, et ce, les 2 et 3 avril prochain.
L’ouverture de l’exposition se fera aujourd’hui et la cérémonie d’ouverture demain. Suivront ensuite, et le même jour, une communication avec Madjid Bali sous le thème «Si Muhend l’intemporel», M.Youcef Merahi interviendra, lui, avec une communication sous le thème : «Laissons Si Muhend à son mythe», puis le Dr Chemakh interviendra avec une conférence sous le thème «Tamurt dans la poésie de Si Muhend».
Le lendemain 3 avril, plusieurs communications sont prévues telles «Si Muhend U Mhend et Ccix Muhend: dialogue de géants», «Les Isefra de Si Muhend dans le répertoire de la chanson kabyle de l’exil», et enfin, une projection du film: Si Muhend U Mhend, l’insoumis!»
Rappelons que le barde kabyle est né à Icheraiouene, un village de l’agglomération de Tizi Rached en 1845, fils de Muhand Ameziane N’ath Hamadouche et de Fatma Ath Saïd. Il serait décédé en 1905 des suites d’une gangrène au pied alors que d’autres parlent d’un abcès au nombril. Le poète disait toujours qu’il «était atteint d’un mal incurable».
Il est enterré au cimetière d’Aïn El Hammam à Asquif N’temana. Si Muhend U Mhend a quitté la Kabylie après le rouleau compresseur des armées d’occupation avec le maréchal Randon vers 1857.
L’armée d’occupation fit raser Icheraiouene et bâtit sur son emplacement le Fort Napoléon devenu, plus tard, le Fort National et enfin, Larbaâ Nath Irathen. Après cet événement, les parents de Si Muhend s’installent à Sidi Khelifa, un petit hameau près d’Ighil Gherfi dans les environs de Larbaâ Nath Irathen.
Les parents de Si Muhend devaient d’ailleurs venir avant cela de Aguemoune, un autre village de Larbaâ Nath Irathen pour fuir une vendetta avant de s’installer à Icheraiouene. Les Aït Hamadouche prirent une part active lors du soulèvement de 1871. Ces derniers étant les représentants de la confrérie de la Rahmania pour les Ath Irathen. Aussi, et à l’instar de tous les autres insurgés, ils furent impitoyablement réprimés. Cheikh Arezki, l’oncle de Si Muhend est déporté en Nouvelle-Calédonie, Saïd, l’autre oncle, s’enfuit en Tunisie, Mohand Ameziane, le père, est exécuté à Fort National et Si Muhend lui-même ne dut la vie sauve qu’à l’intervention d’un officier français qui a jugé «sa mort inutile».
Les biens des Aït Hamadouche furent placés sous séquestre et la famille se dispersa en trouvant refuge dans les autres villages. La mère de Si Muhend, Fatma N’ath Saïd, se retire à Icheraiouene avec Meziane le plus jeune des enfants, Akli, son aîné se rend en Tunisie où il fonde un foyer et acquiert un petit magasin et une fermette. Si Muhend, définitivement «libéré» des contingences, parcourut la région entre la Kabylie et la Tunisie en chantant ses poèmes et en vivant d’expédients. Si Muhend chantait le quotidien et aussi la nostalgie des temps anciens. Spontanée, simple, limpide mais très puissante, sa poésie a enchanté des générations.
Le poète est d’ailleurs entré dans la légende de son vivant avec, gravée dans la mémoire, sa rencontre avec Ccix Muhend U Lhocine. Une vie d’errance et de privations le mena à l’hôpital des Soeurs Blanches de Michelet (Aïn El Hammam) où il mourut le 28 décembre 1905.
Aujourd’hui encore, ses poèmes transmis de bouche à oreille et transcrits aussi bien par Feraoun que par Mammeri pour les modernes, sont encore égrenés par les jeunes et moins jeunes.
A. SAÏD
Mouloud Feraoun : Poèmes de Si Mohand
Isefra (poèmes)
[Transcription de Mouloud Feraoun]
- 1 -
Ceci est mon poème;
Plaise à Dieu qu'il soit beau
Et se répande partout.
Thikelta ad hhedjigh asfrou
Oua lahh addlhhou
Addinaddi ddeg louddiath
.
Qui l'entendra l'écrira,
Ne le lâchera plus
Et le sage m'approuvera :
Oui thislan ar dha thiarou
Our as iverou
Oui ilan ddelfahhem izrath
:
Que Dieu leur inspire pitié;
Lui seul peut nous en préserver :
Qu'elles s’éloignent, nous n'avons plus rien !
An helel Rebbi athet ihheddou
Ghoures ai neddaou
Add vaddent addrim nekfath
.
- 2 -
Ce siècle fait fuir
Qui a enrichi les chiens
Vous êtes brisés, ô nobles coeurs !
El qern agi iserhhav
Ddeg revhhen leklav
Therzem ia oulad bab allahh
.
Je dois aux méchants mes cheveux blancs,
Ma raison m'a abandonné,
Je suis "le fils dépravé".
Selmahna ensen aï nechav
Dderaï iou ighav
Semani edaria malahh
.
Il faut donc me résigner
Puisque le lâche se fait craindre
Tant pis, ô mon âme, tant pis !
Djigh echi netalav
Mi ddouddaï mouhhav
Chahh ! a raï ou, chahh !
Younès Adli : Si Mohand Ou M'Hand, Errance et révolte
(Poésie) - Auto édition, Alger, 2000
Isefra (poèmes)
[Transcription de Younès Adli]
- 1 Résistance : n°74 page 171 -
Les règles sont désormais perverties,
C'est ainsi établi
Les vils ont pris le dessus.
Ddenya fmedden tfusel
Di lefhem yetnesel
Zwamel bedlen tikli
Tous les hommes bien nés
Ont pris la forêt
Bravant les affres de l'adversité
Krabbw'illan d lasel
Di lghaba yehmel
âaryan talab'ur telli
Dieu a ainsi destiné ce siècle
Qui nous enserre dans l'inquiétude
Jusqu'à trébucher à chaque pas.
Lqern akk'i t id yersel
Deg-wnezgum nehsel
Mi nger asurif neghli.
- 2 Conseils : n°52 page 43 -
Toi l'intelligent,
Ne sois jamais
De la compagnie de l'homme hautain
A lfahem a k-nxebber
Albâad ma meqwer
Ur ttili deg tayfa-s
Si tu lui fais appel
Il ira crier sur tous les toits
Et te méprisera à outrance
Ma tqesd-t ur k-itesser
Ad yezg a k-ihqer
Hsut iâeda tilas
Alors, sois humble
Eloigne-toi de lui
Apprends à oublier même le paradis lorsqu'il te rejette
Ma tellid d uhdiq wexer
Xir baâed meqar
Igenet ma tugi-k anef-as.
- 3 La femme : n°13 page 91 -
Mon cœur pensif
S'étonne des réalités
Et jure de ne plus s'égayer
Ata wul-iw yetpensi
Yegul ur yedsi
Yetewhim i lehqayeq
Me voilà forcé de partir
Sans le sou
Sans revoir ma bien-aimée
Rhil ad ruhegh forsi
Adrim ixusi
Abrid ar taâzizt yeghleq
Elle se priva de dîner
Elle éclata en sanglots
A s'étouffer.
Wellah ma tecc imensi
Ala imeti
Imi nsel ala tnehheq.
Poésie : Si Mohand ou M’hand ouvrira le cycle "Regard sur les figures de notre culture" du HCA
(Liberté 11/10/2000)
Le célèbre poète amazigh, le bohême et vagabond Si Mohand ou M’hand, ouvrira un cycle de conférences et de rencontres culturelles intitulé "Regard sur les figures de notre culture" que se propose d‘organiser le Haut commissariat à l’amazighité (HCA) dans le cadre de son programme pour l’année en cours. Ainsi,une journée d’études sera consacrée le 12 octobre prochain au Centre de loisirs scientifiques au plus illustre des figures de la poésie orale amazighe de la fin du XIXe siècle.
L’œuvre du poète, son itinéraire, sa vie de vagabond et de bohême ainsi que le contexte sociohistorique qui a vu naître son génie,feront l’objet de plusieurs conférences et d’un débat qui vont réunir d’éminents spécialistes et universitaires.
Fascinant, adulé mais aussi honni, Si Mohand ou M’hand dont les œuvres ont été réunies et présentées au large public, grâce à un travail de longue haleine entrepris par feu Mouloud Mammeri, a légué un héritage littéraire des plus précieux en amazigh. Son œuvre est un reflet de la société algérienne de l’après-guerre insurrectionnelle de 1871.
Si Mohand ou M’hand Ath Hamadouche est né vers 1845 à Icheraoun,près de Tizi Rached. Sa famille s’engage dans la révolte de 1871 dirigée par cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Son père a été fusillé et sa famille se trouvera tout de suite ruinée et anéantie.
Depuis, le futur poète ne cessa d’errer de ville en ville et de hameau en hameau à travers l’immense Kabylie, prenant très vite goût à cette vie de troubadour au point où ni le mariage ni la vie de famille ne réussirent à le "fixer". Le mythe du poète errant est ainsi né, il continuera dans cette voie jusqu’à sa mort dans un hôpital de Sœurs blanches en 1905.
Deux autres figures de culture algérienne contemporaine seront au rendez-vous dans le cadre de ce cycle :le musicien et compositeur Iguerbouchen, mort en 1954 et dont l’œuvre est mondialement reconnue, et le chanteur populaire et non moins troubadour ,Aïssa Djermouni dont les chansons de melhoun chaoui continuent, après plus d’un demi-siècle de sa disparition, à retentir dans les fêtes de mariage de Aïn El Beïda et des Aurès, jusqu’à nos jours.
Le quatrième festival Si-Mohand-Ou-M’hand
Le quatrième festival Si-Mohand-Ou-M’hand s’est ouvert à Tizi-Ouzou le 16 août 2000. Pendant trois jours, les daïrates de Larbâa Nath Irathen et Tizi-Rached organisent diverses festivités. Le fes